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"Nous devons être le changement que nous souhaitons voir dans le monde"

Gandhi

La lumière de l'après-midi éclaire les bambous, les fontaines babillent délicieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. Rêvons à l'éphémère et laissons-nous errer dans la belle folie des choses. 

Le Livre du thé (1976) de Okakura Kakuzo

La peinture chinoise est un art pictural exercé depuis plus de trois mille ans.

Sa particularité est de mettre l'accent sur l'unicité de l'homme et du cosmos, ainsi que le dynamisme ininterrompu de l'univers. Dans la pensée traditionnelle chinoise, l'univers est constitué de « souffles » (Qi) toujours en mouvement, sources de toute vie. Recréer ces « souffles » dans la réalisation d'une peinture donne vie à celle-ci.

Et ceci prévaut du matériel utilisé jusqu'à l'exécution.

Le peintre se munit de quatre « trésors » :

• le pinceau en poils de chèvre longs permet une réserve d’encre et une redescente lente selon l’appui sur la feuille.

• l’encre de chine en bâton.

• la pierre à encre appelée également le puits . L'encre est extraite en frottant le bâton d'encre en cercle du centre vers l'extérieur sur la pierre avec de l’eau au fond du puits. Plus on frotte, plus l’encre va foncer.

• le papier, appelé « papier de riz », support essentiel, est constitué de fibres qui absorbent en une fraction de seconde l’encre, l’ensemble se fixant une fois sec.

   

Avant même l'exécution de la peinture, la préparation de l'encre permet de retrouver la sérénité, de se concentrer.

Une attention spéciale est donc réclamée dans l'emploi du pinceau et de l'encre. La peinture chinoise ne souffre pas de retouche, un peintre doit s'exercer assidûment pour bien connaître et manier ses outils et ses matériaux, avant de créer lumière et ombre avec diverses nuances.

Il est nécessaire d'observer de manière minutieuse et pénétrante l'objet à tracer afin de souligner sa forme et son essence. Le vide tient une place essentielle. Il permet de projeter le spectateur dans un espace beaucoup plus vaste, infini, en laissant libre cours à l'imagination du spectateur.

La contemplation prend appui sur la partie pleine comme un support pour saisir le vide, vide contenant toutes les possibilités.

« Trente rayons se joignent au moyeu de la roue

qui permet l'usage du char dans l'espace

On pétrit l'argile pour en faire un vase

Mais sans le vide interne Quel usage en ferait-on?

Portes et fenêtres sont percées

Pour bâtir une chambre

Seul le vide en permet l'usage

L'être crée des phénomènes

Que seul le vide permet d'utiliser. »

Lao Tseu